vendredi 19 septembre 2008

"L’urine marseillaise élevée au rang d’enjeu industriel"


Marseille est cette semaine sous les feux de la rampe (passons sa défaite contre les Reds). La cité phocéenne a été élue mardi dernier « Capitale européenne de la culture en 2013 ». Le site officiel de la nouvelle capitale culturelle héberge notamment « Blog 2013 », un bouquet de blogs, parmi lesquels « Ville sauvage », qui se propose de voir en Marseille, le symbole d’une autre écologie.


A ce titre, l’un des derniers billets publié sur Ville Sauvage, intitulé « Les entrailles urbaines », nous plonge au cœur de Géolide, le nouveau complexe de traitement des eaux usées de Marseille. Une plongée dans le processus de dépollution des effluents en compagnie de Bruno Magron, technicien de la Communauté Urbaine, à la Direction de l’eau et de l’assainissement (une suggestion : écoutez cette visite guidée tout en ayant sous les yeux le schéma de fonctionnement complet de la station).


Après un chantier qui aura duré quatre ans, Géolide a été mise en service en ce début d’année 2008. N’est-ce pas dans la culture des marseillais de céder à l’excès ? Toujours est-il que les auteurs du blog présentent Géolide comme la plus grande usine enterrée de traitement des eaux usées du monde. L'entreprise Veolia Water Solutions & Technologies, pourtant impliquée dans le projet, préfère parler de « référence européenne dans le domaine de l’assainissement ».


A sa filière pré-existante de prétraitement et de décantation des eaux usés, la station marseillaise a développé de nouvelles filières. Ainsi, l'eau prétraitée rejoint désormais les unités de bio-filtration (Biostyr) qui éliminent les pollutions restantes par voie biologique. Ensuite, les pollutions transformées en boues sont évacuées des Biostyr par un rétro-lavage quotidien. Les eaux de lavage chargées en boues étant clarifiées sur les décanteurs spécifiques de type Actiflo. Enfin, les boues produites par l’usine des eaux, après avoir franchi les étapes d’épaississement et de la digestion (chauffagge à 55°C), sont séchées. Ce procédé de séchage restitue les boues sous forme de granulés. Lesquels pourront servir les filières de valorisation thermique ou agricoles.


Extraits du billet du blog « Ville Sauvage »


« Une ville […] c’est aussi la gestion de l’azote contenu dans les dizaines de tonnes d’urée que rejettent chaque jour les citadins. »


« La ville moderne, c’est l’urine élevée au rang d’enjeu industriel. Sauf qu’il s’agit là d’une industrie organique, où les petites mains sont celles du monde vivant : car ce sont des bactéries qui sont au cœur du processus. »

« La station Géolide recueille les eaux de 15 communes différentes, soit un million d’habitants. Et le volume global traité ? Entre 230 000 et 250 000 m3 d’effluents chaque jour. »

« Dans le processus incessant par lequel notre corps reconstruit ses protéines à partir des éléments ingurgités, il y a un rejet: c’est l’urée. Cet azote organique se transforme naturellement, en quelques heures, en azote ammoniacal."

« D’un point de vue écologique, la réalité d’une ville d’un million d’habitants, c’est ainsi, entre autres, 500 m3 d’urine par jour, dont 30 tonnes d’urée pure. Dans le litre et demi d’urine que nous rejetons quotidiennement, se trouvent en effet 30 grammes d’urée – CON2H4. »


« Une des fonctions des stations d’épuration est de transformer cet azote ammoniacal en nitrates (NO3) et éventuellement en azote (N2), principal constituant de l’atmosphère terrestre. »


Pour aller plus loin :

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