mercredi 22 octobre 2008

Pour sa première ferme hydrolienne, EDF opte pour la technologie de l'Irlandais OpenHydro


En juillet dernier, EDF annonçait son intention de déployer un démonstrateur de ferme hydrolienne sur le site de Paimpol-Bréhat dans les Côtes d’Armor. Un projet pilote dont l’un des objectifs est bien de tester en conditions réelles le principe de production d’énergie à partir des courants de marée. Aujourd’hui, on connaît la technologie choisie par EDF pour ce démonstrateur : il s’agit de celle de l’Irlandais OpenHydro. Une entreprise créée en 2005 et qui a déjà levé plus de 50 millions d’euros.

Ce choix en a déconcerté plus d’un. On pensait que l’énergéticien français, dont il faut saluer son engagement dans ce domaine, se tournerait vers le Britannique Marine Current Turbines (MCT), de par la prise de participation d’EDF dans cette société développant l’hydrolienne SeaGen.

Or, d’après Jean-François Daviau, Président de Sabella SAS, « MCT est dans une impasse technologique. » Pour lui, les systèmes hydroliens comportant une partie émergée – c’est le cas de SeaGen – n’ont pas d’avenir, « ils présentent un danger, engendrent un conflit d’usage avec la pêche ou la plaisance notamment, et nécessiteraient de sanctuariser des zones. »

La technologie « Open-Centre Turbine » d’OpenHydro est totalement immergée. Pour justifier son choix (au moment où nous écrivons ces lignes, Bernard Mahiou d’EDF n’a pas encore répondu à nos questions), EDF insiste sur les avancées technologiques de l’Irlandais : « OpenHydro Group Ltd conçoit et fabrique des hydroliennes suivant le principe d’une turbine réversible à « centre-ouvert » avec une génératrice périphérique à aimants permanents. Cette turbine est fixée sur une embase gravitaire (tripode métallique), puis déposée sur le fond marin du site au moyen d’un catamaran de pose spécifiquement conçu par OpenHydro. Les hydroliennes demeurent ainsi totalement immergées et ne nécessitent pas de travaux sous marins de type forage ou même ancrage. Un telle hydrolienne comporte en outre l’avantage d’être facile à déplacer si nécessaire et de pouvoir être retirée du site de démonstration à la fois pour la maintenance et également en fin d’exploitation. »

Le rotor est donc porté dans un champ d’aimantation. Pour Jean-François Daviau, « la gestion d’un tel champ électromagnétique est très très complexe. »

Alors que la première turbine d’OpenHydro génère une énergie de 250 kW, EDF, pour son projet de ferme, parle de « 4 à 10 hydroliennes d’une capacité totale de 2 à 4 MW. »

Dans son communiqué, EDF indique que « la zone de Paimpol-Bréhat, qui bénéficie de courants dont les niveaux d'intensité sont parmi les plus élevés de France, pourrait accueillir à l'avenir d'autres essais de technologies pilotés par EDF. »

Ce qui laisse l’espoir d’un scénario futur qui verrait l’entrée de technologies nationales dans ce projet de démonstration.

IPANEMA pour fédérer les efforts français dans les énergies marines

Cela, d’autant qu’EDF (qui rappelons-le est aussi adhérent du Pacte PME) compte parmi les signataires d’IPANEMA (Initiative PArtenariale Nationale pour l’émergence des Energies Marines).

Cette convention, signée en clôture de Seatech Week (la semaine internationale des sciences et industries de la mer qui s’est tenue à Brest, du 13 au 17 octobre dernier), appellent l’ensemble des acteurs français à fédérer leurs efforts dans le domaine des énergies marines. Une fédération des efforts… et des financements…

La liste des signataires reflète l’ambition. Elle comprend le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), les régions Basse-Normandie, Bretagne, Haute-Normandie, Pays de la Loire, PACA, Région Réunion, Région Rhône-Alpes, l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer), et les industriels EDF et DCNS.

Les signataires de la convention IPANEMA se fixent quatre objectifs :

  1. Promouvoir le développement d’une filière scientifique et industrielle dans le domaine des énergies marines, en définissant une stratégie commune et une feuille de route volontariste, et en facilitant l’appropriation des enjeux par l’ensemble des parties prenantes.
  2. Mettre en place un réseau coordonné des acteurs français des énergies marines dans une logique de développement des travaux existants et de renforcement de la thématique "énergies marines" à tous les niveaux concernés (recherche, industrie, développement économique...).
  3. Développer des sites d’essais en mer adaptés aux différentes technologies d’énergies marines, pré-requis à la démonstration de leur rentabilité économique.
  4. Faciliter le développement de démonstrateurs en contribuant à la définition, au pilotage et à la mise en oeuvre de dispositifs de soutien adaptés.
La volonté de développer une filière française dans les énergies de la mer (qui ne représentent en France 1% des énergies renouvelables) est clairement énoncée.

S’agissant des énergies hydroliennes, IPANEMA devrait se traduire par l’établissement d’un seul cluster (câble) de connexion des démonstrateurs au réseau électrique du territoire. L’Ademe ayant clairement revendiqué le branchement sur ce cluster de technologies françaises. Aussi, les PME innovantes nationales spécialisées dans l’hydrolien finiront-elles peut-être par avoir grâce aux yeux du géant multinational EDF...

Pour en savoir plus

* Pour se faire une idée plus précise du potentiel des énergies marines, lisez cet article actualisé régulièrement sur le site Brest Ouvert.

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