vendredi 17 octobre 2008

Bâtiment : comment amortir l'énergie grise

On a trop tendance à oublier la dépense d’énergie nécessaire à la construction d’un logement. Ce que l’on appelle l’énergie grise.

Pour optimiser cette énergie « cachée », il convient d’opter pour des matériaux de qualité. Et plus la durée de vie de ces matériaux sera longue, meilleur sera l’amortissement de l’énergie consommée pour leur fabrication.

C’est ce que nous rappelle Damien Lambert, Directeur général de la société Amoès. Ce bureau d’études créé en avril 2007 œuvre à la construction de bâtiments à énergie positive. Il travaille également au développement d’un prototype de chaudière à bois productrice d’électricité (sur le principe de la micro-cogénération).



Une étude menée par le CSIRO (organisme de recherche australien) a mis en évidence que le logement moyen contient 1.000GJ (Giga joule) d’énergie grise dans les matériaux utilisés pour sa construction. Pour une maison dont la durée de vie est de 100 ans, ceci représente environ 10% de l‘énergie d’usage utilisée dans sa vie (chauffage, ECS, éclairage…).

Le choix des matériaux et les principes de conception ont une action significative, même si elle n’était préalablement pas évidente, sur l’énergie requise pour construire un bâtiment. Ainsi on peut dire que l’énergie grise est une mesure de l’impact environnemental de la construction et de l’efficacité des filières de recyclage.

L’énergie grise par unité de masse des matériaux utilisés dans la construction varie énormément, avec des valeurs de deux Giga joules par tonne de béton, à des centaines de Giga joules par tonne d’aluminium. Dans le choix entre différents matériaux de construction ou produits fait sur la base de l’énergie grise, il se trouve qu’il ne faut pas considérer seulement les matériaux « initiaux », mais aussi les matériaux consommés au cours de la durée de vie du bâtiment pendant la maintenance, les réparations, et les éventuels remplacements. Le seul facteur, et le plus important de tous, influant sur la réduction de l’énergie grise est la conception de bâtiments à longue durée de vie, durables et adaptables. Plus grande est la durée de vie, plus l’énergie grise du bâtiment a des chances de « s’amortir », si toutefois l’obsolescence de certains éléments (chauffage, éclairage) ne vient pas réduire les « économies » faites.

Le contenu en énergie grise varie considérablement selon le type de construction et des matériaux utilisés.

Tableau comparatif de l'énergie nécessaire à la fabrication de quelques matériaux de construction (pour 1 kg).

1kWh = 3.6 MJ
1MJ = 0.278 kWh

Source : Base ekoinventare sur logiciel Equer (version démo téléchargeable)

Plus nous nous servons d’un objet, mieux nous utilisons l’énergie grise qu’il contient. C’est pourquoi la durabilité d’un produit est d’une importance centrale. En effet, une fois qu’il est acheminé à son lieu d’utilisation, le matériau ne crée plus de consommation d’énergie jusqu’à ce qu’il soit recyclé et/ou traité en tant que déchet. L’énergie grise d’un objet sera d’autant plus amortie (utile) que l’objet aura une longue durée de vie.

Quoi qu’il en soit, si l’on désire faire attention aux aspects environnementaux de notre consommation, on s’intéresse généralement à la consommation en énergie, en eau, à la composition, à la quantité de déchets produits, aux possibilités de recyclage... et c’est très bien.

Mais on oublie pourtant presque systématiquement ce qui se passe AVANT. L’énergie grise a un coût écologique. Il est donc nécessaire d'avoir une prise de conscience des impacts cachés de notre consommation, en choisissant la qualité plutôt que la quantité, nous pouvons limiter les dégâts…

Retrouvez le blog d'Amoès

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Stephane

sans flagornerie, je trouve ce blog vraiment interessant, je le regarde régulièrement, les articles sont d'un bon niveau technique tout en restant accessible
Vraiment tres bien
David

 
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