lundi 21 juillet 2008

Filière hydrolienne française :
les prémices d’un essor

Le communiqué est daté du 15 juillet dernier. Il émane d’EDF et est titré : « EDF s’engage dans le développement de l’énergie des courants de marée. » L’électricien français annonce la construction au large de Paimpol dans les Côtes d’Armor d’un projet pilote de ferme hydrolienne – de 3 à 6 éoliennes sous-marines prévues. Objectif : exploiter l’énergie cinétique des courants marins pour produire de l’électricité. La capacité totale de la ferme oscillerait entre 4 à 6 MW, de quoi alimenter en électricité environ 5000 foyers. Le coût du kilowatt produit selon ce procédé, 0,04 euro, serait légèrement supérieur à celui résultant d'un processus nucléaire, 0,028 euro.

En concurrence avec la commune de Barfleur dans la Manche, le site de Bréhat-Paimpol aurait été retenu in fine en raison d’une plus forte mobilisation de l’exécutif régional breton dans ce projet dont le coût est estimé à 20 millions d’euros.
Le projet, fruit de plus de quatre années « de concertation et d’études sur les côtes bretonnes et normandes », comme l’indique Bernard Mahiou, directeur du développement hydraulique d’EDF, est qualifié par l’électricien historique national de « première mondiale ».

Or, il s’avère que, fin mars dernier, la PME innovante française Hydrohelix Energies, a immergé au large de Bénodet dans l’embouchure de l’Odet un prototype de validation de son hydrolienne Sabella, baptisée Sabella D03, parce que son rotor mesure 3 mètres de diamètre, soit plus de trois fois moins que Sabella D10, l’hydrolienne grandeur nature que la PME prévoit d’industrialser en 2010.

Sabella D03 (photos ci-contre) dégage une puissance de 10 à 40 kW, alors que celle de sa grande sœur, avec un diamètre de rotor de 10 à 15 mètres, devrait être comprise entre 200 et 1000 kW.

EDF fera-t-il appel à Hydrohelix ?

Pour son projet Sabella, la PME quimpéroise a constitué un consortium éponyme rejoint par des industriels locaux : Sofresid Engineering Ouest (calcul de l’hydrodynamique et des structures, ingénierie de construction et d’installation offshore), In Vivo Environnement (océanographie, études environnementales) et Dourmap (expertise des courants forts et faibles, équipementier électrique).

Ces quatre partenaires ont financé 60% des 750.000 euros qu’a coûté le pilote Sabella D03, les 40% restants ayant été couverts par le Conseil régional de Bretagne, le Conseil général du Finistère, Brest Métropole Océane, Quimper Communauté, et l’Ademe.

D’après les dernières informations fournies par Jean-François Daviau, cofondateur d’Hydrohelix, « les membres du consortium vont maintenant se regrouper au sein d’une nouvelle entité juridique baptisée Sabella SAS ». Cette nouvelle structure va se faire accompagner par PricewaterhouseCoopers pour la recherche de financement nécessaire à la phase d’industrialisation du projet. Une première levée de 5 millions d’euros est souhaitée.

EDF, par le biais de sa filiale EDF Energy, qui a jusqu’à maintenant boudé l’expertise de la PME française et préféré investir dans la firme britannique Marine Current Turbines, à hauteur de 25% de son capital (voir notre article sur SeaGen), va-t-il consentir à faire appel à Hydrohelix (ou à Sabella SAS) pour son projet de ferme hydrolienne ?

Rien n’est moins sûr, mais restons optimiste. « L'un des membres du consortium Sabella est en discussion avec EDF », confesse Jean-François Daviau (sans toutefois nous donner son nom). Sans compter que la région Bretagne, qui soutient à la fois EDF et Sabella, pourrait jouer les entremetteurs...

Quel gisement hydrolien en France ?

Comme pour les réserves de pétrole, difficile d'accorder les violons :
  • EDF parle de 10 terawatts (10 millions de mégawatts).
  • Hydrohelix, qui s'appuie sur les résultats des dernières méthodes quantitavives, évoque une puissance de 3 à 5 gigawatts.
  • L'association AE2D parle, elle, de 5 à 6 gigawatts.

Pour en savoir plus :

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