jeudi 2 octobre 2008

Nouvelles technologies et télétravail pour décongestionner la ville d'Amsterdam


La semaine dernière avait lieu à Amsterdam la conférence « Connected Urban Development (CUD) » organisée par Cisco. L’évènement avait pour objectif de présenter les avancées de la ville néerlandaise en matière de lutte contre les émissions de CO2, et de rendre publics les premiers résultats du programme CUD de Cisco.

La ville d’Amsterdam se fixe pour objectif d’être « neutre carbone » dès 2015. Son périphérique ne pourra pas soutenir la croissance de la ville, tant il est déjà saturé aux heures de pointe. Une congestion qui se traduit par d’importants rejets de CO2, principal gaz à effet de serre (GES). « Nous avons réussi avec l’eau. Nous réussirons avec le CO2 », lance, optimiste, Job Cohen, maire d’Amsterdam.


Bas Boorsma, responsable du programme Connected Urban Development (CUD) à la ville d’Amsterdam, est chargé de trouver des solutions. En plus d’une réflexion autour du green building, la mairie se concentre sur la circulation. Il observe que les salariés perdent un temps fou dans les embouteillages (avec, pour conséquence, de grandes quantités de CO2 dégagées), simplement pour rejoindre leur poste de travail. « Il faut prendre le problème à l’envers, dit-il. C’est à dire amener le poste de travail et les informations jusqu’au salarié, sur son lieu de vie, plutôt que l’inverse. »


Allié à Cisco, la ville d’Amsterdam a donc lancé un programme pilote de re-localisation du lieu de travail de certains de ses salariés (25 pour commencer). Son “Smart Work Center” d’Almere (35 km d’Amsterdam) accueille les employés de la ville qui peuvent ainsi télé-travailler au sein d’une antenne locale.


Equipés des dernières technologies (accès internet par fibre optique, système de télé-présence de Cisco, etc.), ils partagent leur lieu de travail avec des employés d’autres entreprises (IBM par exemple) au sein d’openspaces ou de box privatifs plus calmes. Le système de télé-présence de Cisco est accessible à la demande pour organiser des réunions virtuelles partout dans le monde.


Diviser le coût du poste de travail par deux


La ville a fait son calcul. Un poste de travail traditionnel (locaux, PC, éclairage, etc.) lui coûte 15.000 euros par an et par salarié. Sans compter les rejets de CO2 et le coût de l’essence liés aux déplacements maison-bureau-maison. Le Smart Work Center d’Almere revient à la moitié du prix (7.500 euros) grâce à la mutualisation des infrastructures entre différentes entreprises, à un prix du foncier moins important, etc. Cerise sur le gâteau, il propose sur place tous les services utiles aux employés : crèche, banque, restaurant d’entreprise, etc.


L’expérimentation de la ville d’Amsterdam n’est pas isolée. Une dizaine de centres sont en préparation dans l’ouest du pays (La Hague, Rotterdam, Utrecht, Schipol, etc.), dont le réseau routier est l'un des plus saturés d’Europe. Et des villes du monde entier participent au programme.


Inspiré par la Clinton Global Initiative, Connected Urban Development a été lancé fin 2006 par l’équipementier réseau Cisco qui a investi 15 millions de dollars dans l’opération. CUD regroupe différentes initiatives dans des villes comme San Francisco, Séoul, Birmingham, Lisbonne, Hambourg et Madrid.


Nous souhaitons aider les grandes villes à réduire leurs consommation d’énergie et leurs émissions de CO2, tout en améliorant le confort des citadins, grâce aux nouvelles technologies de l’information”, indique Nicolas Villa, directeur du programme CUD chez Cisco. Pourquoi se concentrer sur les villes et non sur les entreprises ? Parce qu’elles consomment 80 % de l’énergie mondiale et produisent 75 % des gaz à effet de serre.


Aménagement d'un nouveau territoire vert


Les challenges à relever sont nombreux. Chaque ville se concentre donc sur une partie du programme. Séoul teste un logiciel d’optimisation du trafic routier. San Francisco, un système mobile d’optimisation entre l’offre et la demande pour les déplacements en transport en commun. D’autres technologies - freecooling de datacenters, distribution optimisée d’électricité, green building, etc. - sont testées par les autres villes. A terme, les villes partageront leurs retours d’expérience et les technologies mises au point. Et Cisco disposera ainsi d’une offre concrète à commercialiser auprès des grandes mégalopoles des pays développés et émergents (Chine, Inde, etc.).


Amsterdam compte sur son rôle pionnier dans le programme CUD pour attirer de grandes entreprises sur un territoire “vert”. Elles pourront ainsi atteindre plus facilement leurs objectifs de réduction de leur empreinte carbone grâce aux infrastructures proposées par la ville. La conjonction des nouvelles technologies et de l’environnement devient donc peu à peu un vrai argument pour les grandes villes du monde entier. "C’est notamment le cas de la Chine qui a fait un virage complet dans ce sens en 12 mois", note Nicolas Villa.


Contrepoint


Bien que concrets, ces projets s'apparentent pour l'heure à des expérimentations. A court terme, les quelques dizaines d’utilisateurs du Smart Work Center d’Almere n’auront aucun impact significatif sur les émissions de CO2 d’une ville comme Amsterdam. Mais ils montrent qu’un autre modèle d'organisation économique et sociale est possible grâce aux nouvelles technologies de l'information. Il faudra cependant attendre une adoption massive de ce dispositif pour mesurer les premiers bénéfices au niveau environnemental, social et économique.


Pour en savoir plus...


* Lire l'article source sur Greenit (signé Frédéric Bordage)


* L'offre de téléprésence de Cisco


* Le site du RNT (Réseau National des Télécentres)


* Compte-rendu du colloque "Télétravail, télécentres et développement durable" organisé au Sénat le 26 mars dernier

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