Voilà trois décennies successives que le Canada se voit attribué la plus mauvaise note « D » du programme « How Canada performs » en matière d’innovation. Ce qui a conduit le pays à la feuille d’érable à une sérieuse remise en question. Parmi les initiatives mentionnées et sensées aider le pays à redresser la barre, celle de la province de l’Ontario est mise en avant.
Le gouvernement ontarien, emmené par le Premier ministre Dalton McGuinty, a investi dans un programme d’innovation, qui a fait l’objet d’un financement de 3 milliards de dollars sur une période de huit ans. Cet agenda accorde une très large place aux éco-technologies. Le ministère de la recherche et de l’innovation de la province s’alignant ainsi sur une prévision de John Doerr, associé principal chez Kleiner, Perkins, Caufield & Byers cité dans le rapport Corporate Knights Cleantech 2007 : « La technologie verte pourrait constituer la possibilité économique la plus importante du XXIe siècle. »
« Concentrer les investissements dans les créneaux mondiaux » : cette orientation constitue l’un des cinq piliers du programme d’innovation ontarien. La direction est donnée dès les premières pages du document présentant le programme « : Les domaines où l’on portera initialement le plus d’attention comprennent les technologies non polluantes, les technologies de la santé, la recherche et la fabrication en matière pharmaceutique, les médias numériques et les technologies d’information et de communications. »
Les énergies propres (ou de substitution) deviennent donc un axe de recherche majeur. Le gouvernement vient d’investir plus de 5 millions de dollars dans des projets de recherche de pointe dans le domaine. Ce financement viendra en aide à 260 chercheurs engagés dans 34 projets. Il fait partie des investissements de 37 millions de dollars du Fonds pour la recherche en Ontario, annoncés cet automne et appuyant les travaux de plus de 1 800 chercheurs.
6N Silicon, Menova, Verdant et les autres
Cet engagement financier soutient en particulier les travaux de l’équipe du Dr Greg Naterer de l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, qui portent sur un nouveau procédé économique de production d’hydrogène : « Nous avons franchi d’importantes étapes dans la possibilité de produire de l’hydrogène de façon durable et à faible coût […]. Les percées qui ont été réalisées stimuleront l’économie de l’Ontario et profiteront à notre environnement au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. »
Les 5 M$ viendront aussi en soutien du Dr Olivera Kesler de l’Université de Toronto, qui œuvre sur un projet visant à la mise au point de piles à combustible pratiques et économiques, pouvant être alimentées par des combustibles traditionnels et des combustibles renouvelables, tels que l’hydrogène, le biogaz et l'éthanol.
Un peu plus tôt, c’est l’entreprise 6N Silicon qui a bénéficié d’un financement de près de 8 millions de dollars. Elle a développé un procédé révolutionnaire de fabrication qui transforme le silicium de faible qualité sous une forme qui convient à la production de cellules solaires. Une méthode économique, rapide et procurant une bonne efficience énergétique. La société a annoncé en juillet dernier l’ouverture d’une nouvelle usine à Vaughan.
Aux côtés de 6N Silicon, la province ne manque pas d’exhiber d’autres « champions » éco-innovants :
- Menova (concentrateurs solaires),
- Verdant Power (turbines immergées exploitant l’énergie des courants pour générer de l’électricité),
- Greencore Composites (fabricant de bio-matériaux utilisés notamment dans l’automobile),
- KMX (technologies de membranes de purification de l’eau et d’effluents chimiques),
- Stemergy (production de bio-fibres à base de tiges de lin et de chanvre).
Pour le moins, la communication politique de l’Ontario en faveur de l’innovation et des cleantechs s’intensifie. L’avenir nous dira si le succès, en termes de création d’emplois et de rayonnement international, sera au rendez-vous et si le Canada, stimulé par sa province la plus peuplée, pourra remiser son bonnet d’âne au placard, avec l'espoir de caresser le « A ».
Notons qu’au jeu du benchmark du Conference Board of Canada, la France, sur le volet innovation, décroche un piètre « C ». A bon entendeur…
Le saviez-vous ?
C’est en Ontario que l’on trouve le plus vaste champ de captage géothermique au Canada et le deuxième en importance en Amérique du Nord. Propriété de l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, le champ comporte 384 puits forés à une profondeur de 213 m sous terre et reliés entre eux par des systèmes mécaniques qui fournissent aux bâtiments de l’Institut un système de chauffage et de refroidissement énergétiquement rentable et respectueux de l’environnement.
Pour aller plus loin…
* Le site de l’organisme The Conference Board of Canada qui est à l’origine du rapport « How Canada performs », un programme qui s’apparente à un benchmark socio-économique basé sur une comparaison de la situation du pays à la feuille d’érable avec d’autres pays.
* Le budget 2008 de l’Ontario (lire notamment le passage intitulé "Efforts d'écologisation de l'économie).
* Les programmes de soutien de l’Ontario aux activités de recherche et d’innovation.
* Le rapport Corporate Knights Cleantech 2007.
mercredi 15 octobre 2008
La performance économique de l’Ontario
passera par les cleantechs
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