On peut qualifier le Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) des Plots dans la Nièvre, sur la commune de Devay, de grosse exploitation. Celle-ci s’étend sur 650 ha. Le cheptel compte de 900 à 1000 têtes de charolais et, depuis 2000 (suite à la crise de la vache folle), cette famille d’exploitants – Michel Laborde, son fils David, et ses neveux Frédéric et Philippe Maillault – s’est engagée dans l’élevage de volailles. Les poulets grandissent dans un immense poulailler de 1300 m2.
Le Gaec fait rapidement le constat que le chauffage au propane de ce bâtiment engendre un coût annuel fort conséquent, soit de 25.000 à 35.000 euros par an ! Pour réduire la dépense, Frédéric Maillault est parti, il y a maintenant plus de 3 ans, en quête d’une solution anti-gaspi.
Il a d’abord pensé à un chauffage au bois dont l’investissement s’avérait rédhibitoire, et la rentabilité incertaine. Puis, après des recherches intensives sur Internet, il a commencé à s’intéresser à la valorisation des effluents agricoles (et pas seulement) par méthanisation. Il s’agit de transformer le fumier bovin et les fientes de gallinacés en méthane. Brulé dans un cogénérateur, le biogaz produit de l’électricité et de l’eau chaude.
« La France est très en retard par rapport à l’Allemagne qui compte plus de 5000 installations de recyclage des déchets d’élevage par méthanisation, estime Frédéric Maillault. En France, on a le nucléaire... »
Mais, la décision politique de 2006 qui oblige EDF à racheter, à des prix avantageux, l’électricité générée à partir d’énergie renouvelable change la donne. Le Gaec des Plots revendra son électricité, produite et connectée au réseau, à 0,13 euro, contre un tarif pratiqué en Allemagne compris entre 0,18 et 0,21 euro.
Le coût de l’installation est estimé à près de 2 millions d’euros. Les exploitants espérant récolter 40% d’aides financières émanant des collectivités et de l’Etat. Environ 10.000 euros ont déjà été dépensés pour l’étude de faisabilité pour laquelle le Gaec a sollicité deux bureaux d’étude, Omegatherm (expertise moteur et électricité) et Agrikom (spécialisé dans le gaz et les fosses).
« Sans ces aides, nous avons évalué la rentabilité de l’installation à neuf ans », indique Frédéric Maillault.
Une puissance de 350 kilowatts par heure
Le processus de méthanisation produira 350 kWh. Deux fosses enterrées de 1800 m3 chacune, recouvertes d’une membrane d’étanchéité, réceptionneront toutes sortes d’effluents : fumier bovin, lisier, fientes de volailles, herbe, déchets ménagers dégradables. Le mélange est digéré, sans odeur et en anaérobie, pendant 45 à 90 jours par deux digesteurs, et cela, sachant que les effluents, lors du transfert du premier au second digesteur, sont soumis à une phase d’hygiénisation, autrement dit, le fumier est stérilisé par une montée en température, jusqu’à 70°C pendant une heure.
En plus de recycler le biogaz en électricité, la méthanisation valorise aussi l’eau nécessaire au refroidissement des moteurs/générateurs. En sortie du système, la température de l’eau s’élève à 90°C, de quoi assurer le chauffage du poulailler, mais aussi de quelques habitations aux alentours, y compris, bien sûr, celles de la famille Laborde.
A noter également qu’au bout de la période de dégagement et de récupération du méthane, les effluents présentent une valeur fertilisante bonifiée. Ils ressortent sous deux formes : une partie solide (azote sous forme organique et ammoniacale) à épandre derrière la moisson, et une partie liquide (azote sous forme ammoniacale principalement) à épandre au printemps pour le démarrage de la végétation.
Frédéric Maillault espère maintenant que la construction de l’installation pourra démarrer début 2009. Poutant, est-ce en raison de la taille de cette infrastructure de valorisation, ou du manque d’antériorité en France sur ce type d’installation, toujours est-il que les validations administratives paraissent interminables (autorisations préfectorale et auprès de la Direction des Services Vétérinaires, enquête publique).
En Bourgogne et en matière de recyclage de fumier par méthanisation, les exploitants du Gaec des Plots ont bien conscience de leur statut « d’essuyeurs de plâtres »...
Pour en savoir plus :
=> sur la méthanisation
Crédit photo ci-dessus (Frédéric Maillault à gauche et Michel Laborde à droite) : Le Journal du Centre.
mercredi 23 juillet 2008
Le Gaec des Plots valorise son fumier par méthanisation
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