mardi 16 septembre 2008

« Cleantech » : une définition

Les activités « cleantech » (également appelé « greentech » ; en français, éco-activités, éco-innovations, éco-technologies ou ecotechs) regroupent les techniques et les services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau, les matières premières avec une perspective d’amélioration importante de l’efficacité et de la productivité. Une approche qui s’accompagne d’une réduction systématique de la toxicité induite et du volume de déchets, et qui assure une performance identique ou supérieure par rapport aux technologies existantes.

Ce champ industriel fait actuellement l’objet d’un développement extraordinaire qui se traduit par l’apparition de très nombreuses nouvelles entreprises, soutenues par des financements considérables.


Sommaire





1 - Discussion sémantique

2 - Définition des Cleantech

2.1 - Eco-activités et Cleantech

2.2 - Définition

2.3 - Domaines d’activités concernés

3 - Les entreprises cleantech

4- Les investissements dans le secteur cleantech

4.1- Investissements

4.2 - Fonds d'investissement et banques

5 - Autres acteurs : institutionnels, collectivités locales

6 - Critiques

7 - Sources


1 - Discussion sémantique


Le secteur d’activités industrielles et commerciales « Cleantech » (abréviation de Clean Technology) également appelé «Greentech » (Green Technology) correspond à une terminologie utilisée par les fonds d’investissements américains (venture capital), et se traduit littéralement par «technologies propres ».


Parmi les équivalents proposés en français, on trouve le terme « éco-activités innovantes » ou « éco-innovations », ainsi que éco-technologies, ou ecotechs.


La multiplicité des termes consacrés montre que la terminologie ne s’est pas encore tout à fait stabilisée, comme il en était du terme NTIC voici une dizaine d’années quand il s’agissait de décrire l’émergence du vaste secteur couvrant aussi bien l’Internet que les Télécoms.


Aux Etats-Unis, un débat « cleantech vs greentech » a pu exister, dont on trouvera une version complète sur Cleantechblog. On peut en conclure qu’aujourd’hui ce débat est clos et que les deux termes sont utilisés de façon strictement équivalente.


En France, aucun terme n’a encore pris définitivement le pas sur les autres.

On emploiera dans la suite de l’article les termes « cleantech », « éco-activités innovantes », « éco-innovations » ou « ecotechs » de façon exactement synonyme.



2 - Définition des cleantech


2.1 - Eco-activités et cleantech


Le secteur des éco-activités comprend les éco-industries (métiers de l'environnement : eau, air, sol, déchets, bruit), l'énergie (maîtrise de l'énergie, énergies renouvelables, technologies associées à l'énergie pour les bâtiments et les transports), les activités de services et conseils liées à l'énergie et à l'environnement (conseil, diagnostic, certification, remédiation environnementale, éco-conception, éco-marketing, etc.)


Quand on parle de « cleantech », technologies propres, on se réfère plus largement à toute technologie ayant une valeur ajoutée environnementale, quel que soit le secteur d'activité dans lequel elle s'applique (notion de substitution technologique et de réduction d'empreinte écologique à l'œuvre dans les approches d'éco-conception) dans un contexte d’innovation industrielle : nouveauté, forte différenciation et fort potentiel de croissance (richesses et emplois).


A titre d’exemple, le ramassage et le traitement quotidien des déchets ménagers et industriels relève des éco-industries : on ne parlera de « cleantech » ou d’« éco-activité innovante » que lorsque qu’un procédé innovant de ramassage ou de traitement est conçu et mis en œuvre.


2.2 - Définition


S’il n’existe pas de définition normalisée des « cleantech », la définition proposée par le cabinet de conseil américain Clean Edge (également auteur de « The Clean Tech Revolution ») est une bonne synthèse. Il s’agit des techniques et des services industriels qui :

· utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau, les matières premières avec une perspective d’amélioration importante de l’efficacité et de la productivité

· créent systématiquement moins de déchets ou de toxicité reliés.

· Ces produits et services doivent assurer une performance identique ou supérieure dans le résultat souhaité par rapport aux technologies traditionnelles et améliorer le profit des utilisateurs.


2.3 - Domaines d'activités concernés


Potentiellement, la quasi-totalité des activités humaines peuvent faire l’objet d’innovation cleantech. Les principaux développements actuels s’opèrent dans les domaines suivants :


· le secteur énergétique : la production essentiellement à partir de sources renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.), la distribution et le stockage alternatif de l'énergie (Smart Grid). Les économies d‘énergie, en particulier à travers le « Green building » ou le « Green IT». Les besoins dans ce secteur sont énormes. La question de savoir si l’industrie nucléaire ainsi que les technologies de « charbon propre » font partie du secteur cleantech sont en débat (voir critiques).


· les cycles de l’eau et de l’air : production, distribution, traitement.


· le traitement des déchets.


· les technologies d’amélioration des industries traditionnelles : champ très vaste qui couvrent les processus industriels en tant que tels (fluides de découpe, recyclage, rejets).


· les transports : on trouve ainsi de très nombreuses entreprises développant des véhicules électriques (batteries, piles à combustibles).


Les champs majeurs d'éco-innovation pour aujourd'hui et demain résident dans la capacité à réduire/optimiser la consommation d'énergie, les moyens de produire du froid et de la chaleur, de se déplacer, etc. Cela concerne l'ensemble des activités humaines.


Les biotechnologies appliquées à l'environnement (Green Bio Tech) et les technologies numériques appliquées à l'énergie et à l'environnement et à la « ville durable » (Green IT) sont aussi des gisements essentiels d'éco-innovation.


3 - Les entreprises cleantech


Aux Etats-Unis, l’industrie cleantech est largement concentrée dans la Silicon Valley californienne, ainsi qu’autour de Boston. Le développement des activités cleantech participe largement au redressement de la Silicon Valley qui perdait des emplois depuis l’éclatement de la bulle Internet.


En Europe, on note un très fort développement en Allemagne (éolien, solaire), dans la région de Francfort en particulier, ainsi que dans les pays germaniques.


Il faut noter également le très fort développement en Israël d’industries cleantech, en particulier dans le domaine de l’eau, mais également avec des projets plus ambitieux, telle l’usine automobile « Better Place ».


Les grandes entreprises, particulièrement dans le secteur de l’énergie, ont souvent développé des lignes de produits cleantech : on peut citer General Electric.


Le secteur se caractérise également par l’apparition de très nombreuses jeunes entreprises innovantes (start up) qui proposent un très grand nombre d’innovations qu’elles exploitent elles-mêmes, ou qu’elles fournissent à des exploitants.


La distinction traditionnelle entre concepteur et exploitant d'installation dans le domaine de l'énergie reste de mise dans les énergies renouvelables. Plusieurs entreprises, telle EDF Energies Renouvelables, sont de purs exploitants. Theolia, une des rares entreprises du secteur éolien qui était à la fois conceptrice et exploitante de champs éoliens, vient d'annoncer qu'elle allait abandonner l'exploitation. Seules certaines entreprises (notamment dans le domaine des centrales de biomasse) sont à la fois concepteur et exploitant d’installation.


Les différents blogs d’actualité technologiques et financiers permettent de suivre au quotidien l’émergence de nouvelles technologies et de nouvelles entreprises.



4- Les investissements dans le secteur cleantech


4.1- Investissements


En 2006, on estime, au niveau mondial, qu’un montant total de 75 milliards de dollars ont été investi dans des projets et des entreprises « de technologies propres». Ce marché pourrait tripler à quadrupler d’ici 2012 (estimations : traitement de l’eau 75 milliards, éolien 50 milliards, solaire 30 milliards, etc).


Entre 2006 et 2007, on estime que les investissements ont cru de 60% dans un contexte de hausse des prix du pétrole et de nouvelles politiques publiques énergétiques (Source : rapport United Nations Environment Program). Les projets dans le domaine du solaire, de l’éolien et des agrocarburants auraient reçu 148 milliards de dollars d’investissement. Les projets éoliens, à eux seuls, concentrent 50 milliards de dollars.


Ces montants d’investissement concernent essentiellement des projets d’infrastructure (voir plus haut) de grande dimension : champs d’éoliennes, centrales solaires, usines d’agrocarburants.


En ce qui concerne le développement de nouveaux procédés, dans le seul secteur énergie qui représente environ 60% des investissements, 8,5 milliards de dollars ont été investi en 2007 par le Venture Capital et le Private Equity , dont 1,8 milliards pour des investissements « Early-stage ». Ces investissements étaient en hausse de +27% par rapport à 2006.


A titre d’exemple, aux USA, en 2007, 702 millions de dollars ont été investis dans des starts-up du solaire, secteur vedette actuellement. Ainsi, HelioVolt a levé 101 M$, Solyndra 79 M$, SoloPower 30 M$. Le montant moyen pour les investissements cleantech se situe autour de 15 millions de dollars aux Etats-Unis.


On enregistre également des entrées en Bourse (IPO) significatives : les sociétés chinoises de fabrication de panneaux solaires Yingli et LDK Solar sont cotées sur le NYSE pour respectivement 1,7 milliard de dollars (market cap) et 478 millions de dollars.


En France, on peut noter :


· au premier semestre 2007, 6 sociétés du secteur cleantech ont été financées, principalement dans les énergies renouvelables ;

· au second semestre 2007, ce sont 27 entreprises qui ont été financées soit un quadruplement en moins d’un an ;

· En 2007, on note également l’achat par Suez de 50,1 % du capital de la Compagnie du vent, un des leaders français de l’énergie éolienne, pour 331 millions d’euros, ce qui valorise cette société à 70 fois son chiffre d'affaires ;

· Strategeco Solar a été introduit le 20 novembre 2007 à la Bourse de Paris.


4.2 - Fonds d’investissements et banques


Du coté des fonds, presque tous affichent aujourd’hui un intérêt pour le secteur. Un exemple de fonds uniquement dédié au secteur est Emertec Energie Environnement. Opérationnel depuis septembre 2003, disposant de 15,5 M€, il est réservé aux technologies liées aux secteurs de l’énergie et de l’environnement. De nombreux autres fonds plus généralistes (Oddo Asset Management , CDC Entreprises Innovation etc.) ont également investi dans le secteur.


Plusieurs grandes banques financent également des projets d’infrastructure liés au cleantech : usines d’agrocarburants, champs d’éoliennes. On peut citer ainsi la banque franco-belge Dexia parmi les leaders mondiaux.


5 - Autres acteurs : institutionnels, collectivités locales


Plusieurs acteurs institutionnels ont mis en place des cellules de suivi et de développement des activités cleantech sur leur territoire. On peut ainsi citer la Chambre de commerce de Paris, la mairie de Paris à travers Paris Développement etc.


6 - Critiques


Moins de dix ans après l’explosion de la bulle Internet, un débat existe pour savoir si l’émergence du secteur « cleantech », et l’engouement qu’il suscite, ne préfigure pas une nouvelle une bulle initiée par certains investisseurs et gonflée par les médias pour réaliser des profits spéculatifs importants.


Un des sous secteurs des cleantechs, le « Green IT » ou « informatique verte », qui vise à réduire la consommation d’énergie (et d’eau) des systèmes informatiques, fait l’objet d’une très vive publicité de la part des industriels fournisseurs de systèmes et de service informatique. Et en retour fait l’objet de vifs débats pour savoir s’il ne s’agit pas surtout d’un moyen de favoriser les ventes de nouveaux systèmes.


La question de savoir si l’industrie nucléaire et les technologies de « charbon propre » font partie du secteur cleantech fait également débat.


D’autres types de critiques plus fondamentales ont été menés par des groupes « d’Anarchistes Verts » qui contestent l’idée que la technique puisse être utilisée de façon « neutre » pour réduire l’impact de l’homme sur l’environnement.


Le débat sur la poursuite de la croissance ou la nécessité de la décroissance participe également de cette réflexion.


7 - Sources


* Débat « Cleantech vs. Greentech »

* Rapport CCIP/ARIST : Novembre 2007 : Apercu du secteur cleantech en Ile de France

* Rapport CCIP/ARIST : Octobre 2007: Les industries de l’environnement en Ile de France

* Indicateur Chausson Finance


L'entrée Cleantech dans la version française de l'encyclopédie Wikipedia :


Blogs couvrant l’actualité du secteur :


* Aux Etats-Unis (échantillon) :

http://www.greentechmedia.com/
http://www.cleantechblog.com/
http://venturebeat.com/category/cleantech/
http://www.ecogeek.org/


* En France (en français) :

http://www.ecotech21.fr/

http://www.greenunivers.com/

http://www.greenit.fr


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